« Les langues se délient face au deuil périnatal, mais certaines personnes souffrent trop pour en parler »

28 novembre 2022

Chaque année en Suisse, environ 600 bébés décèdent avant d’avoir une semaine. Et près d’une grossesse sur quatre se termine en fausse couche.
On parle de mort périnatale quand elle intervient entre la période de conception et les premiers mois de vie. Une épreuve, qui a touché Julie et sa famille, il y a 5 ans et demi. A 16 semaines de grossesse, soit 4 mois, les médecins ont découvert que son bébé était atteint d’une maladie grave. Dans l’RR du temps, Julie nous raconte son histoire :

« On rentre de la maternité les bras vides… je pense que c’est ça, le plus dur. »

Après l’accouchement, Julie n’a pas souhaité prendre les 16 semaines de congé qui lui étaient accordées. « Je ne me voyais pas rester à la maison dans ces circonstances », explique la Jurassienne. Il lui a fallu plusieurs semaines pour entreprendre des démarches, pour se faire aider : « J’avais l’impression de passer à côté de ma vie, je ne comprenais pas ce qui m’arrivait ».

Julie a notamment participé à un groupe de travail, mis sur pied dans le Jura. Cela lui a permis de rencontrer d’autres familles touchées par le deuil périnatal, mais aussi des professionnels de la santé, sensibilisés à cette épreuve. En septembre et en octobre dernier, le groupe a organisé plusieurs événements dans le Jura : une conférence mais aussi une cérémonie pour les familles.

« C’est difficile de savoir quoi dire face à ce genre de perte. Il faudrait simplement montrer qu’on est présent, écouter. »

Julie estime que la parole l’a aidée à surmonter ce deuil. Elle pense aussi que le tabou est en train de se briser autour de la perte d’un bébé à naître, alors qu’il y a quelques années en arrière, cela constituait encore des secrets de famille. Mais le processus de deuil est propre à chacun.

Julie est sincère : elle admet qu’elle pensait ne pas pouvoir se relever de cette épreuve, à l’époque. Aujourd’hui, elle dit en avoir fait « une force ». « Je pense qu’il faut faire vivre l’enfant décédé, en parlant de lui, pour l’honorer. Mais toujours en laissant beaucoup de place à ceux qui sont vivants », conclue-t-elle.