Le fanzine, l’objet « no future » qui résiste

22 mars 2021

Des fanzines qui valent la peine, il y en a pas mal en Suisse. La Bûche, fanzine féministe réalisé par un collectif de plus de 90 autrices. La Puce, qui a une âme ultra punk et qui fait dans la nano édition, ou encore Hécatombe, micro-éditeur genevois qui construit du projet impertinent.

Le moyen de communication
des Suffragettes, de Star Trek
et du punk

Le fanzine, c’est la contraction anglaise de « fanatic magazine » et c’est surtout un support papier à la fois foutraque, low cost et fait maison. Ces magazines auto-édités échappent au circuit traditionnel, c’est pour ça que très vite, ils sont devenus des aimants à idées controversées et à cultures alternatives. Les fanzines, se sont les suffragettes en Angleterre, les fans de Star Trek, et puis, surtout, la culture punk, qui en a fait une de ses marques de fabrique.

Un circuit direct et bon marché

L’aspect DIY plaît particulièrement aux punks qui peuvent, moyennant du papier et de quoi imprimer, publier leurs idées à peu de frais. Le réseau de distribution est à l’ancienne, il se fait de main à main, ou on dépose simplement un tas de fanzines dans le coin des toilettes d’une salle de concert et chacun se sert.

Un support qui va et qui vient

Le fanzine, c’est surtout un journal libre, totalement indépendant du circuit des grandes enseignes de presse. C’est aussi à cause de cette liberté que le fanzine apparaît, disparaît, et renaît par à-coups. On le trace dans le mouvement punk des années 1970, puis on le perd de vue pour retomber finalement sur lui dans les années 1990, avec la grande période du mouvement féministe riot grrrl. Puis, le fanzine disparaît à nouveau des radars pour finalement revenir ces dernières années.

Le fanzine du 21e siècle

Le fanzine du 21e siècle est un peu plus sage et mieux peigné derrière les oreilles. Certainement parce qu’aujourd’hui, l’accès aux techniques d’édition et de graphisme est facilité par l’informatique. Et le côté bordélique des punks d’autrefois, c’est pas forcément ce qu’il y a de plus facile à lire, même si ça a une saveur agréable de reste de bière chaude au fond de la cannette. La fanzine est donc toujours présent, même s’il a un peu changé.

Éternel alternatif

Aujourd’hui on trouve des festivals de fanzines, certains musées y consacrent des expositions, et on peut l’acheter dans des concept stores. Par contre, l’objet garde sa caractéristique principale : son côté alternatif. Le fanzine est en dehors du circuit de l’édition ; il est toujours là pour faire travailler les idées et non pas pour faire travailler l’argent. Même s’il a évolué avec le temps, le fanzine est en marge par définition, et c’est encore plus évident quand on le pose à côté d’un magazine de presse traditionnel. Vous avez des noms de cool fanzines ? Donnez-les-nous, on passera le mot, ou alors on mettra un exemplaire dans les toilettes.

Collectif La Bûche, BDFIL2020