Le Chelsea Hotel, royaume des esprits rebelles, libertaires et artistiques

8 juillet 2021

Établissement culte du quartier de Manhattan, le Chelsea Hotel a vu défiler Andy Warhol, Bob Dylan, Jimi Hendrix, Patti Smith et les Sex Pistols. Aujourd’hui encore, il représente le symbole de l’underground new yorkais et de la créativité folle des années 1960.

Un mélange de tout et n’importe quoi

À cette époque, le Chelsea Hotel est un lieu complètement à part : le propriétaire prête des chambres en échange d’œuvres d’art. Beautés droguées vêtues de robes victoriennes, guitaristes ratés et dramaturges, la vie n’est pas triste avec les locataires extravagants de l’hôtel. Ici, chacun fait ce qui lui plaît. On passe des heures à discuter dans l’escalier, en attendant patiemment l’inspiration. La drogue est admise si elle aide à être créatif. Les célébrités côtoient les gosses de riches déshérités et il faut s’attendre à tout : on n’est jamais à l’abri d’une overdose, d’un suicide ou de problèmes mentaux très graves.

Une source d’inspiration inépuisable

Mais quand un de ses invités s’enfonce, Stanley Bard, propriétaire du Chelsea Hotel, l’aide à remonter la pente. Il a le don d’assortir les gens pour créer une harmonie éclectique. Son joyeux mélange de personnalités attire de brillants artistes. Arthur Miller séjourne au Chelsea après son divorce de Marilyn Monroe. Bob Dylan y écrit « Sara ». Janis Joplin et Leonard Cohen se rencontrent dans l’ascenseur et passent une nuit torride. Leonard Cohen l’immortalisera dans son titre « Chelsea Hotel ». Mais Janis Joplin, probablement assommée par les drogues ne gardera aucun souvenir de leurs ébats. L’état d’esprit de l’hôtel convient parfaitement à Patti Smith, installée dans l’établissement. Elle croise toutes ses idoles de passage au Chelsea et décide de devenir musicienne elle aussi. Elle quitte l’hôtel en 1970, pour travailler sur son premier album, « Horses », qui sort 5 ans plus tard, et qui sera un succès. Et en 1966, Andy Warhol tourne « Chelsea Girls » au Chelsea Hotel. Un film qui contribuera à la légende du lieu.

Les seventies, la décennie du déclin

Dans les années 1970, l’ambiance commence à se dégrader. Le propriétaire Stanley Bard n’arrive plus à contenir les dealers, les prostituées et les maquereaux qui squattent la cage d’escalier. Les toxicos élisent carrément domicile dans les toilettes communes. En 1978, c’est le coup de grâce: un matin, Nancy Spungen, la copine de Sid Vicious, est retrouvée morte dans l’établissement, sauvagement assassinée à coups de poignards. Sid Vicious est prostré, à ses côtés. On l’emprisonne, il ressort sous caution au bout de 10 jours, et on ne saura jamais vraiment ce qui s’est passé. Plusieurs dealers ont visité la chambre du couple cette nuit-là.

Un lieu emblématique

L’événement sonne la fin d’un âge d’or pour le Chelsea. De glamour, l’hôtel devient glauque, et même s’il reste fréquenté par quelques créateurs en devenir, il ne retrouvera plus vraiment l’aura fabuleuse de la décennie précédente. Mais ses murs restent témoins d’un terreau artistique gigantesque. Et de nombreux artistes passés par le Chelsea sont à entendre, aujourd’hui encore, en playlist sur GRRIF.

Photo: Calton, CC BY-SA 3.0