Vomir : des sacs de noise et des murs de bruit blanc

25 avril 2017

Il habite Paris, il s’appelle Romain Perrot (roro pour les intimes) et il est l’autodidacte radical et nihiliste de la scène harsh noise.
Depuis 2006, il est passé maître dans l’art de créer des Harsh Noise Wall, des murs de sons bruitistes hyper puissants et fabriqués avec le strict minimum.
Son travail consiste à immerger complètement le public dans un mur de bruit blanc : un son composé de toutes les fréquences audibles, chaque fréquence ayant la même énergie.

Sous le nom de projet « VOMIR», Romain Perrot utilise donc des murs de bruits blancs pour rendre compte du sentiment d’enfermement et d’isolement par le son.

Durant toute la durée de ses performances, Romain laisse tourner ses machines et reste debout, immobile, dos au public avec un sac en plastique sur la tête.
Et souvent, comme au LUFF Festival à Lausanne en 2013, Romain distribue aussi un sac en plastique (ou un sac poubelle) au public pour qu’il se les enfilent sur la tête.

« Avoir un sac poubelle sur la tête, c’est essentiel pour écouter VOMIR »

Au début, on se dit qu’on a sacrément l’air con avec ce sac poubelle sur la tronche (ce qui est vrai) ; mais finalement, plus ça avance, plus on se rend compte que le sac en plastique est essentiel pour vivre la performance.

Il permet de se couper vraiment du monde extérieur.
On ne voit absolument rien. On entend juste la puissance dévastatrice des sons. On entre en soi-même, presque en méditation.

Soit on se sent soit complètement écrabouillé ou vidé, soit complètement libéré et plein d’énergie.
Avec toutes ces têtes enfermées dans des sacs poubelles, ça donne des photos assez géniales.

« C’est un peu comme si tout une foule partait pour Guantanamo »

D’ailleurs on peut se poser la question de la torture dans le projet « VOMIR » de Romain Perrot.

Lorsqu’on lui demande s’il torture son public, Romain explique qu’imposer du Britney Spears pendant 10h sous la contrainte, c’est de la torture. Il explique au contraire qu’il créé une opportunité pour le public d’être réellement en situation d’isolement et d’immersion.

Pour son projet VOMIR, Romain Perrot a écrit un véritable manifeste nihiliste qu’il a posté sur le site de son propre label : décimation sociale. Pour lui, la musique noise est une forme d’anarchisme non-violent, une espèce de rage qui permet de rendre compte du sentiment d’abrutissement de l’être humain.

« L’individu n’a plus d’autre choix que de rejeter totalement la vie contemporaine. Le seul comportement totalement libre qui nous reste, réside dans la noise. La noise permet de ne pas capituler face à la manipulation, à la socialisation et au divertissement »

 C’est bien connu, « VOMIR » c’est se libérer d’un truc qui passe pas. Merci Roro, grâce à toi on se sent déjà mieux !

Ecouter la chronique