La noise de combat des Egyptian Females

11 avril 2017

À la base, les Egyptian Females Experimental Music Session sont 7 sur scène. Mais parfois moins.

Certaines portent le voile. D’autres non.

Et de toute façon, on s’en fiche.

Malgré tout, ce n’est pas tous les jours qu’on voit des filles voilées triturer des machines pour en faire sortir de la noise expérimentale.

 

En effet, le titre du groupe ne laisse aucune place au doute, ce sont bien des égyptiennes qui font de la musique noise expérimentale.

« Elles utilisent le son pour protester contre l’injustice »

Pour mieux comprendre leur musique, il faut remonter jusqu’à Ahmed Basiouny, artiste, professeur et pionnier de l’art sonore.

Il est l’un des premiers à avoir proposé un regard déconstruit sur la sphère sonore en Egypte.
À travers la création d’un workshop artistique gratuit à l’université, Ahmed a  longtemps enseigné la culture digitale à ses élèves et la manière d’être totalement libre dans l’utilisation sonore et dans l’expression créative musicale.

« Désormais, Basiouny est considéré comme un martyre »

En 2011, pendant la révolution égyptienne sur la place Tahrir, les forces de l’ordre lui ont tiré une balle dans la tête.
Depuis, les Egyptian Females se revendiquent directement de son art et de sa manière de faire du son.
En utilisant des structures empruntées au jazz, des enregistrements pris dans la nature (des fields recording) et des techniques super do-it-yourself, elles recréent le paysage sonore et émotionnel qu’on peut retrouver en se baladant au Caire.

« La musique noise est une manière de refuser radicalement la conversation. Elle force notre imagination à traverser des contrées sonores sauvages et à ressentir des émotions. »

Ce qu’elles veulent à travers leur musique, c’est nous communiquer les injustices politiques, artistiques et sociales qui traversent l’Egypte actuelle.

Demain soir au Bad Bonn, le concert des Egyptian Females sera d’autant plus intense que l’actualité de leur pays est à nouveau sur le devant de la scène depuis dimanche dernier.
Comme en 2011, durant les affrontements de la place Tahrir, l’Egypte est à nouveau en état d’urgence après 2 attentats perpétrés contre la communauté Copt.
Même si l’actualité en Egypte n’est pas très réjouissante, la relève musicale semble debout.  Rendez-vous donc demain soir au Bad Bonn, pour une bonne bouffée de sons et d’émotions.

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