#GRRIFTOO

29 novembre 2017

Cette nouvelle édition de Journalope, l’émission de la rédaction de GRRIF, s’intéresse à la question hautement actuelle du harcèlement. Mais comme le sujet est largement ramifié, il est aussi question ici de viol, de la « zone grise du consentement », et du phénomène de dénonciation publique sur les réseaux sociaux. GRRIF est également descendu dans la rue pour donner la parole aux hommes, ces hommes qui, à tort ou à raison, se disent non-sexistes.

Viol, contrainte sexuelle, harcèlement, c’est quoi?

Ce sont des termes dont on a tous entendu parler ces temps-ci, mais est-ce qu’on sait vraiment ce qu’ils recouvrent?
Valérie Cortat, procureure au Ministère public du canton du Jura, nous explique la différence entre le viol, la contrainte sexuelle et le harcèlement, aux yeux de la loi suisse

«La différence fondamentale entre la drague lourde et un comportement inapproprié, c’est le consentement.»

 Le consentement, cette notion floue

Ce sont des jeunes femmes et un jour, face à l’insistance de leur partenaire, elles ont cédé à un rapport sexuel dont elles ne voulaient pas. Cette situation où la frontière entre le malentendu et le viol est très mince, c’est ce qu’on appelle la «zone grise du consentement ».

La réalisatrice française Delphine Dhilly s’est intéressée à cette question dans un documentaire, « Sexe sans consentement » où ces femmes témoignent.

Elle nous explique ce qu’est cette zone grise du viol.

«Si vous dites à quelqu’un: « Je l’ai laissé dormir à côté de moi », on ne croira évidemment pas que vous avez été violée.»

Le documentaire « Sexe sans consentement » sera diffusé au mois de mars dans l’émission Infrarouge sur France 2 et devrait être disponible prochainement sur internet.

Dénoncer, oui, mais comment?

Après la révélation de « l’affaire Weinstein », on a assisté cet automne à un déferlement de dénonciations, sur les réseaux sociaux, des comportements abusifs de certains hommes. A grand renfort de hashtags, on a vu apparaître au grand jour la masse des femmes concernées, connues ou inconnues. La rédaction de GRRIF s’est demandé si les réseaux sociaux étaient le bon endroit pour dénoncer les abus. Nicolas Capt, avocat genevois spécialisé dans le droit des médias et les questions de réputation en ligne, répond d’abord à cette question: est-ce que la dénonciation publique, sans nommer l’agresseur, sert à quelque chose ?

 

«Ça ne remplace pas une plainte en justice.»

Opinion très différente chez Eléonore Lépinard, directrice de l’Institut des sciences sociales de l’Université de Lausanne et professeure au centre d’études genre. Pour sa part, elle défend avec ardeur cette prise de parole des femmes sur les réseaux sociaux et dans les médias.

Eléonore Lépinard estime d’ailleurs que si la parole des femmes se libère dans l’espace public, c’est parce que le système judiciaire ne joue pas son rôle comme il devrait.

 

«Après cette phase de dénonciations (…), il y a une réflexion à mener sur le faible nombre de condamnations.»

Hommes_porcs

#Balancetonporc : Parole aux mecs !

Céline est descendue dans la rue pour rencontrer les hommes qui respectent les femmes. Elle leur a demandé comment ils se sentent face à cette vague de dénonciation massive contre les agressions, le harcèlement sexuel ou les comportements sexistes. Même s’ils arrivent à dormir tranquille, les mecs se posent pas mal de questions…

«ça a pris une telle ampleur que j’entre dans une période d’agacement actuellement… on a vraiment l’impression d’être tous des gros porcs.»

Pour comprendre l’impact du hashtag balance ton porc et de cette vague de dénonciations sur les hommes qui se disent non-sexistes, Céline a demandé son avis et quelques conseils à Oriane Sarrasin, psycho-sociologue de l’Université de Lausanne.

«Je suis navrée pour ces hommes, mais si ça peut leur permettre de comprendre ce que ça fait d’être victime d’un stéréotype…»

«Le changement devrait se produire dans la manière dont les hommes non-sexistes réagissent aux comportements des autres hommes.»