Le titre ressemble à une blague. Et d’ailleurs, c’en est une : un interlude téléphonique de 16 secondes planqué au milieu du disque. Mais c’est aussi le nom du troisième album de Sirens of Lesbos.
Afrobeats, soul, reggae, indie pop, électronique… le duo bernois brasse large. Et ce qui aurait pu ressembler à un patchwork tape-à-l’œil d’influences mal digérées devient ici un tissage élégant, subtil, organique.
On passe d’un éclat de pop R&B sur Let Go, porté par les voix complices de Jasmina et Nabyla Serag, à la tension sourde de Sodome and Gomorrah, avec 36birds, DJ techno zurichois, en renfort.
Et puis on danse avec la rappeuse jamaïcaine SadBoi et les voix exaltées du Kabusa Oriental Choir, un chœur nigérian, sur Call Me Back.
Ce qui frappe chez Sirens of Lesbos, c’est cette capacité à expérimenter sans jamais sacrifier le groove. Let It Hurt est sans doute l’un des morceaux les plus étranges du disque, et pourtant on y revient. Encore et encore. Comme pour ressentir cette vibe douce et insistante.
Ici, pas d’esbroufe. Priorité au rythme. Et à ces microdétails planqués dans le mix, ces sons courts, bizarres, qui finissent par enrichir l’écoute au fil des passages. C’est dans ces moments-là que l’album prend toute sa densité.
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I Got a Song, it’s Gonna Make Us Millions de Sirens Of Lesbos
Crédit image : Sirens Of Lesbos