Le 14 septembre, le groupe latino-folk-punk biennois Hermanos Perdidos s’apprête à jouer au Generationenfestival, à Thoune. Pendant leur soundcheck, comme à leur habitude depuis le début de la guerre, ils accrochent un drapeau palestinien en fond de scène, symbole de solidarité face au génocide pour les musiciens. Quelques minutes avant de jouer, les organisateurs leur intiment d’enlever la toile de fond, invoquant la neutralité de l’événement. Ils proposent au groupe d’exprimer leur opinion sur scène, mais sans le drapeau. Les artistes refusent et préfèrent ne pas se produire.
Quelques jours plus tard, leur prestation au banquet Foodsave de Berne, organisé par l’Offene Kirche (ou Eglise ouverte) connaît le même sort pour la même raison. L’institution explique qu’elle souhaite garder le focus de l’événement sur un seul message : la lutte contre le gaspillage alimentaire, et pas sur une prise de position politique. Cette semaine, Gregor Kaufeisen, le chanteur et bassiste d’Hermanos Perdidos, a réagit à notre micro.
« Aujourd’hui, les images sont malheureusement beaucoup plus puissantes que les mots. Le drapeau fait maintenant partie de notre concert et l’enlever ce serait comme de la censure, enlever une partie de notre message. » Gregor Kaufeisen
Un cas similaire a touché le groupe Félicien Lia, contraint récemment de retirer lui aussi son drapeau palestinien avant un concert au Caux Palace. Ils ont accepté mais n’ont joué qu’après l’engagement des organisateurs à expliquer la situation au micro et à les laisser s’exprimer sur les réseaux.
« Nous on a décidé de réagir autrement à cette pression, mais c’est tout aussi valable. L’important c’est de parler de la situation. » Gregor Kaufeisen
L’art, par essence, est un outil de contestation. De Neil Young à Emile Zola en passant par Banksy, les artistes prennent position et revendiquent depuis toujours leurs engagements politiques. Pour Gregor Kaufeisen, aujourd’hui c’est « une tâche » qui fait partie inhérente du cahier des charges d’un artiste.
« Ce qu’on fait, c’est pas politique, mais humanitaire. On parle d’un génocide et ce qu’on défend avant tout, c’est le vivant. Dans nos textes on défend toujours la vie dans tous les sens du terme. En tant qu’artiste, on a cette tâche de dénoncer le génocide en Palestine. » Gregor Kaufeisen
Le groupe joue le 27 septembre à Lausanne et le 13 décembre au Café Mokka, à Thoune, pour deux concerts de soutien à la Palestine.
Hermanos Perdidos, l’interview :
Contactés par email, les organisateurs réagissent à la prise de position du groupe :
La réaction des organisateurs :
Crédit image : Francesco Silluzio