Pour sa dernière émission avant les grandes vacances, Le Debrief est parti quête de vos avis d’auditeurices-lecteureuses sur un bouquin plutôt que sur un album. Pourtant, cette œuvre littéraire a été écrite par une artiste qu’on a plutôt l’habitude de voir sur scène, derrière un micro. Compositrice, rappeuse et comédienne, Karine Guignard – alias La Gale – ajoute une corde à son arc en devenant auteure. En mai, elle publie Dead Drop, un polar nerveux et engagé aux éditions La Veilleuse.
« C’est seulement il y a un an que j’ai rédigé ça sous forme de livre. Pendant longtemps, je me suis dit que j’appartenais pas à cet univers là. » La Gale
Ancrée dans la collection « Nuit Noire » de la maison lausannoise, cette œuvre s’inscrit dans une littérature contemporaine sombre, intense et marquée par un fort ancrage social. Dès les premières pages, le rythme est tendu, l’ambiance paranoïaque, et la plume affûtée.
Le roman suit Raïzo, une trentenaire orpheline qui vit dans un grenier lausannois, en pleine période de confinement. Elle organise des livraisons clandestines de cannabis à travers la ville. Son système repose sur les dead drops, des cachettes anonymes disséminées dans l’espace public. Le quotidien de Raïzo bascule lorsqu’elle découvre qu’elle est sous surveillance depuis très longtemps. Une organisation obscure, à la fois insaisissable et puissante, semble l’avoir dans son viseur. Face à cette menace, elle se retrouve devant un dilemme implacable : collaborer… ou être dénoncée.
« On sent l’influence du rap dans la rythmique, les textes. C’est brut, c’est cash, c’est sans fioritures. » Une auditrice
Ce polar haletant a la particularité de déployer une vision acérée de sa ville, Lausanne, dont les rues, les marges et les lieux plus huppés deviennent autant de personnages que de décors. La campagne fribourgeoise sert aussi de théâtre à ce récit noir qui glisse parfois vers le thriller paranoïaque.
« Le hacking c’est pas du tout mon terrain de jeu. J’ai du faire des recherches assez scrupuleuses… » La Gale
Hacking, surveillance, inégalités sociales et traumatismes hérités, Dead Drop propose une écriture rythmée, presque musicale. On y retrouve l’énergie de La Gale, son regard critique et sa capacité à traduire la rage et la résistance en mots.
« Ma manière d’aborder le rap, c’est de dénoncer des trucs, de parler pour les miens et les miennes et d’emmerder le reste. » La Gale
Avec ce premier roman, l’artiste lausannoise confirme qu’elle est aussi à l’aise sur le papier que sur scène. Une plume percutante, pour un roman qui frappe comme un bon morceau de rap.
Dead Drop, Le Debrief avec La Gale :
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