Le nouvel EP de L’Éclair est fait pour danser, mais pas que

28 mai 2020

Les Genevois de L’Éclair viennent de sortir un nouvel EP. Enregistré en deux jours dans une petite maison de vacances sur les contreforts du Salève, Noshtta plaira aux amateurs de groove en tout genre. Mais une question nous agite: est-ce que la musique de L’Éclair se résume à faire danser les foules? Pas sûr.

Interview

GRRIF : Vous faites quoi en ce moment ?

L’Éclair : Après une longue période d’inactivité forcée, on a enfin retrouvé accès à nos locaux. Pendant le confinement, on s’est occupé comme on pouvait. On a fait des démos. Maintenant que notre local est ouvert, on relance un peu la machine. Pas mal d’idées ont émergé durant cette période tranquille. On a plein de choses à lancer !

 À quel public s’adresse votre EP Noshtta?

On ne vise pas un public en particulier, on essaie toujours d’aller au bout de nos visions et idées sans qu’il y ait besoin de prérequis pour apprécier notre musique. C’est sûr que cet EP parlera peut-être plus aux diggers et autres DJs aguerris, mais nous prônons un groove universel.

« On est aussi de très grands amateurs de musique plus calme »

On a le sentiment que la danse est au centre de votre œuvre

Tout à fait, on essaie de chiper le créneau des DJs. On a une conception très « club » de nos concerts, tant au niveau des transitions que des rythmes et des tempos. Beaucoup de nos tracks sont concoctées dans cet esprit-là, mais pas toutes. On est aussi de très grands amateurs de musique plus calme, comme l’ambient, la kosmische musik.

Quels sont les groupes qui vous font danser ?

Il y en a beaucoup. Pour citer des contemporains on pense au Mauskovic Dance Band, à Art Feynman, Shintaro Sakamoto ou encore des locaux comme Dj Laaxiste ou Androo. Et tous les moins contemporains aussi, Basa Basa, African Head Charge, Kiki Gyan, Sly Stone, la liste est longue.

« On veut en même temps faire danser et pleurer notre public »

L’année s’annonce compliquée pour ce qui est des concerts. Ça doit être rageant pour un groupe dont la musique est faite pour danser…

Ça l’est parce qu’on partait sur un été et une rentrée plutôt chargés en bonnes choses. Mais la situation est la même pour tout le monde, on est pas plus à plaindre que les autres. On a le temps d’entraîner nos dance moves dans le salon…

Votre musique peut s’apprécier à plusieurs niveaux, un peu comme des morceaux de James Brown ou de Curtis Mayfield qu’on peut écouter dans une fête de village, mais aussi de manière plus introspective. Est-ce une démarche consciente ?

Oui. Même si certains morceaux sont clairement plus orientés vers une direction club ou une écoute introspective, on essaye de faire en sorte qu’ils soient écoutables dans diverses situations. On veut en faire danser et en même temps faire pleurer notre public.

Récemment vous avez participé au dernier projet de Varnish La Piscine, comment c’est passé cette collaboration ?

C’était très cool. On adore Varnish et son travail. Sur le disque on fait des petites apparitions par–ci par-là, que Varnish a découpées, samplées et parfois dénaturées au point de ne plus savoir ce qu’il a gardé ou pas ! Mais la plus grosse part de cette collaboration résidait dans la projection du court-métrage du disque, dans le cadre d’Antigel. Nous avons joué quelques morceaux en live, en synchronisation avec l’image. C’était une nouveauté pour tout le monde, il y avait aussi Sebastien Lopes aux platines !

« On n’a pas encore trouvé de pays franchement hostile à notre musique »

Avant de signer sur le label suisse Bongo Joe, vous avez sorti l’album Polymood sur  Beyond Beyond Is Beyond Records, un label new-yorkais. Avez-vous le sentiment qu’il vous a permis de mieux vous faire connaître en dehors de la Suisse ?

Oui bien-sûr, cela a été notre première petite porte d’entrée aux USA. Ça nous a permis d’entamer les contacts et aussi de voir comment notre musique était reçue là-bas.

Et alors ?

Plutôt bien. On a aussi pas mal tourné en Europe ces dix-huit derniers mois, et on n’a pas encore trouvé de pays franchement hostile à notre musique. Les gens sont réceptifs pendant les concerts et on sait qu’on est assez écouté en dehors de nos frontières.