MIAW, le nouveau projet onirique du Fribourgeois Shady

18 mai 2020

Déjà croisé sur cette antenne dans notre émission DJ Set, le beatmaker Shady prend un nouveau départ sous le pseudo de MIAW. Le Fribourgeois vient de publier Lights, un  morceau réalisé avec la chanteuse Sativayiza, à retrouver sur son premier album dont la sortie est prévue cet été. Ce disque expérimental est  influencé par des artistes hybrides, tels que Toro y Moi, Tame Impala, James Blake ou Kaytranada.

Interview

GRRIF : Salut MIAW, tu fais quoi en ce moment ?

MIAW : J’essaye de terminer mon album, à savoir revoir quelques petits détails ici et là, mixer puis masteriser les morceaux restants. J’apprends aussi un peu l’arabe et la guitare. D’ailleurs hier soir, j’ai commencé un morceau assez cool avec.

Tu viens de dévoiler Lights. Comment est né ce nouveau titre ?

J’ai fait le beat il y a environ deux ans, je ne voyais pas trop ma voix dessus alors j’ai demandé à ma copine de reprendre la mélodie que j’avais initialement enregistrée, et ça l’a tout de suite fait.

La chanson raconte l’histoire d’une fille qui passe une soirée vibrante dans un endroit magique et cool où a lieu une roller disco et elle tombe sous le charme de quelqu’un. Dans la deuxième partie de la chanson, on peut imaginer une after party bien enfumée… Le morceau assez peu conventionnel dans sa construction, mais un de mes préférés de l’album. C’est aussi la toute première apparition musicale de Sativayiza,
d’autres vont sûrement suivre!

« J’ai fini par accepter l’aspect imparfait voire fragile de mes morceaux »

Ton travail sous le pseudo MIAW est assez récent, pourtant ça fait déjà un moment que tu produis des morceaux, notamment pour les autres. Pourquoi avoir attendu si longtemps avant de sortir les tiens ?

Tout ce que j’ai pu sortir auparavant sous le nom de Shady, c’était soit des prod pour des rappeurs, ou alors de simples beats ou remixes que je mettais sur Soundcloud. Je commençais vraiment à me sentir confiné (!) dans ce rap avec ces codes assez étriqués.

Depuis mes débuts, j’avais toujours eu cet attrait pour l’expérimentation et pour certaines fantaisies, mais j’ai très vite mis ça de côté comme si je m’étais un peu conditionné à servir les autres plus que moi-même à travers ma musique. Plus tard j’ai découvert des artistes tel que Tame Impala ou Toro y Moi, plus producteurs que chanteurs, qui m’ont un peu décomplexé, notamment en ce qui concerne la voix, en plus de l’originalité de leur musique.

Ensuite, il y a eu mes potes qui venaient également du beatmaking et qui s’en sont émancipés en prenant leur propre voie artistique avec pas mal de succès; d’abord Muddy Monk, puis B77. J’avais plus d’excuse!

La plupart des morceaux de mon album étaient déjà au stade embryonnaire vers 2016-2017 et c’est pendant cette période que j’ai mis en place les fondements de ce projet. Entre temps j’ai pas mal hésité et procrastiné, je me suis mis une certaine pression. J’ai fini par accepter l’aspect imparfait voire fragile de ces morceaux, j’ai pris mon courage à deux mains, je me suis mis à les finaliser et j’ai commencé à les sortir.

« Ce premier album je le vois un peu comme un terrain d’exploration et d’expérimentation très libre. »

Tu sors bientôt ton premier album, à quoi va-t-il ressembler ?

À l’été. À des vacances au bord de la Méditerranée, à la brise, à des couchés de soleil, mais aussi à la campagne fribourgeoise, ses rivières et ses champs fleuris. Beaucoup de douceur, un sentiment onirique, voire flou, qui s’en dégage tout du long. Un peu d’étrangeté et de mystère aussi, et une touche de funk rétro-futuriste.

Ce premier album je le vois un peu comme un terrain d’exploration et d’expérimentation très libre. Je tenais à sortir un album en guise de première sortie plutôt qu’un EP ou simplement des singles comme beaucoup le font, même si pour le moment je tease l’album  single après single, car je pense que la force de ce projet réside plus dans la vibe globale qui s’en dégage que dans les morceaux pris à part qui restent quand même souvent assez expérimentaux.

Tu as déjà une date de sortie ?

Cet été, obligé! Depuis le temps… Une fois que tous les titres seront mixés je vais annoncer une date. Je tiens beaucoup à sortir en physique aussi, ça se fera par la suite très probablement.

« Avec Muddy Monk, on avait fait un morceau inspiré par Justice. »

Tu es avant tout un beatmaker, est-ce que tu es à l’aise avec ta voix ?

Franchement ça va, c’est pas le pire (rires). Au début ce qui a encore plus été un frein, c’était l’écriture. Ma voix je la vois plus comme un instrument donc ça va, j’ai assez rapidement appris à l’aimer, même si j’ai dû pas mal expérimenter avec avant d’être satisfait. En plus je ne suis pas un chanteur hors-pair (rires).

Quoi qu’il en soit, c’était une étape importante d’utiliser ma voix, une manière de me réapproprier ma musique et de pousser plus loin ce sentiment d’expression artistique.

Tu es ami avec Muddy Monk. T’arrive-t-il de travailler avec lui ?

Alors notre dernière vraie collaboration remonte à nos débuts il y a plus de dix piges quand on avait fait un morceau inspiré par Justice, dans lequel on souhaitait joyeux anniversaire à un pote. Morceau assez épique d’ailleurs, donc si tu veux réitérer l’expérience, Muddy, j’suis chaud (rires).