Emma-Jean Thackray : fière d’être « weirdo »

13 mai 2025

Longtemps qualifiée de « bizarre », la multi-instrumentiste Emma-Jean Thackray se réapproprie le mot et sort Weirdo, un deuxième album qui parle de santé mentale et de dépression, sur fond de jazz-funk rebondissant.

Après la mort de son partenaire, elle entame l’écriture de Weirdo, un disque comme un journal de deuil, fragmenté en 19 chapitres.
L’introduction, Something Wrong With Your Mind, sonne comme une litanie qu’elle aurait entendue toute sa vie. Elle enchaîne avec Weirdo, le morceau-titre, qui parle de rejet, d’identité et de solitude avec une franchise désarmante. Le groove est tendu, presque cassé, comme si la musique elle-même hésitait à trop en dire.

Save Me est peut-être l’un des titres les plus touchants de l’album. Le morceau s’ouvre sur des visions troublantes — I see bodies every time I close my eyes — et dès les premiers mots, on comprend que le deuil ne se vit pas seulement en silence : il hante, il surgit, il submerge. La production est épurée, presque fantomatique, avec des chœurs superposés qui tournent en boucle.

Au milieu du disque, Black Hole vient créer une distorsion dans l’espace-temps. Groove cosmique, basse qui claque, synthés en spirale. Les voix d’Emma-Jean Thackray et Reggie Watts sont trafiquées, flottantes, presque méconnaissables. Mais même dans le chaos, elle garde le contrôle. Un trou noir, oui — mais qui groove.

Et puis elle garde le meilleur pour la fin. Thank You for the Day, dernier morceau de l’album, c’est une soul-gospel d’une grâce désarmante. Quelques accords chaleureux, une basse ronde, des chœurs qui s’élèvent comme une prière profane.

Écouter la chronique audio :

Weirdo d’Emma-Jean Thackray sur Brownswood Music Limited

Crédit image : Emma-Jean Thackray