Cabin in the Sky de De La Soul n’est pas un retour classique. C’est un album qui arrive après la disparition de Trugoy the Dove, et ça change forcément la façon dont on l’écoute.
Dès The Package, De La Soul donne le ton. Un morceau sobre, sans éclat inutile, qui parle du temps qui passe et de ce qu’on laisse derrière soi. La production est élégante, feutrée, tout est à sa place. Ça fonctionne, mais plus par le poids de ce que le groupe représente que par un choc musical immédiat.
L’album avance ainsi, avec une écriture consciente, adulte, parfois très droite. Les prods sont soignées, chaleureuses, souvent soulful, mais rarement surprenantes. De La Soul ne cherche pas à bousculer, mais à dire quelque chose de juste, comme sur Different World, où le groupe se confronte à la perte et à la gratitude avec beaucoup de lucidité.
Le featuring avec Nas sur Run It Back!! s’inscrit parfaitement dans cette logique. Deux institutions face à face, respect maximal, flows impeccables. C’est solide, classe, presque évident. Peut-être trop. Le morceau impressionne, mais ne dérape jamais. Pas de prise de risque, pas de moment qui déborde.
Ailleurs, certains titres rappellent ce que De La Soul sait faire depuis toujours : groove détendu et regard lucide sur le monde. Comme sur YUHDONTSTOP ou Day In The Sun (Gettin’ Wit U), un morceau lumineux, mais qui manque peut-être un peu de fantaisie.
Cabin in the Sky est un album digne, touchant, souvent beau. Un disque qui honore une histoire et une absence, sans jamais forcer l’émotion. Mais c’est aussi un album sage, qui préfère la retenue à l’audace. Un disque sincère.
Cabin in the Sky, De La Soul, sur le label Mass Appeal.

