Alors que s’ouvre la COP 30 à Belém, au Brésil, Persona Grata s’aligne sur l’actualité climatique : dans cette émission, on parle changements climatiques, désinformation, lobbies, réduction des émissions… et adaptation. Car le réchauffement est là, c’est un fait : la planète a gagné +1,3 °C et la Suisse déjà +2,9 °C, selon une récente étude de l’EPFZ. Réduire nos émissions reste important, parce que chaque dixième de degrés compte… mais ça ne suffit pas : il faut aussi s’adapter à ces changements.
La climatologue Martine Rebetez, professeure à l’Université de Neuchâtel et à l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage, observe depuis près de quarante ans les changements climatiques, leurs causes et leurs conséquences.
« Ce n’est pas le fait que les températures augmentent, qui a été découvert, c’est que l’humanité pouvait émettre autant de gaz à effet de serre. Ca, c’était inimaginable avant » – Martine Rebetez, climatologue
Aujourd’hui, et à cause de l’activité humaine, la planète se réchauffe très rapidement. Et selon la scientifique, le problème n’est pas tant d’avoir une planète plus chaude, mais « c’est un problème pour l’adaptation de la société humaine, parce que ça se passe trop vite. » Alors, face à la désinformation -de l’industrie pétrolière, notamment- et à la lenteur des États, il ne s’agit plus d’espérer un miracle, mais de repenser et adapter nos structures en profondeur : mobilité, construction, consommation, politiques publiques… « L’industrie des hydrocarbures ne lâchera pas les choses juste comme ça, juste parce qu’on les convainc que c’est juste et que ce serait mieux pour la société. Là on a des gens qui ont des fortunes qu’on n’est même pas capable de concevoir. !(…) On ne va rien obtenir sans une lutte acharnée », assure Martine Rebetez, qui insiste aussi sur une action collective et systémique.
« Il ne faut pas essayer de faire de notre mieux de manière individuelle ; c’est vraiment comme ensemble de la société qu’il y a des progrès à faire » – Martine Rebetez, climatologue
Entre la dystopie et l’utopie, il reste la protopie — un futur imparfait, mais vivable. Un monde où on agit pour limiter les dégâts tout en s’adaptant à l’inévitable. « En Europe, des progrès se font. On va vers une mobilité moins carbonée, et dans le bâti, les progrès sont absolument énormes. Ce n’est pas assez rapide, mais on améliore les choses. Donc si l’ensemble du monde évoluait comme l’Europe, on pourrait avoir de bons espoirs. » Martine Rebetez déclare qu’on a encore des chances de rester sous les 2 degrés de réchauffement mondial (au-delà, des processus naturels pourraient se mettre en route, et accentuer encore le réchauffement). La limite d’1,5 degrés, prévue par l’Accord de Paris, sera bientôt franchie, mais il n’y a pas de date butoir : comme le répète la communauté scientifique, chaque dixième de degrés compte.
» Je suis certaine que l’Europe peut faire une transition qui va lui apporter une telle qualité de vie que ça fera envie ailleurs. »
Pour aller plus loin :
– La Suisse se réchauffe, Martine Rebetez, collection Savoir suisse
Photo : WWF Suisse

