Avec « Lotus », Little Simz n’a plus rien à prouver

10 juin 2025

Après Sometimes I Might Be Introvert et No Thank You, Little Simz revient avec Lotus : un album plus sobre, plus épuré, mais toujours puissant, groovy et élégant.

Première chose à savoir : Inflo n’est plus là. Après trois albums façonnés main dans la main avec le producteur star de SAULT, Simz a changé de cap. Le divorce artistique aurait pu laisser des séquelles, mais Lotus est tout sauf un repli. C’est une mue. Entourée cette fois de Miles Clinton, elle redessine les contours de son univers : moins orchestral, moins clinquant, mais toujours dense, toujours affûté.

Dès l’ouverture, Thief, elle plante le décor : guitare tranchante, basses sourdes et tension punk pour évoquer la trahison. Pas de round d’observation, on entre dans le vif. Puis vient Flood, et cette ligne droite martiale où elle rappe, déterminée : « J’aurais pu me noyer mais je suis restée avec le micro. » Le ton est donné. Même seule, elle tient la barre. Même blessée, elle avance.

Mais Lotus ne se résume pas à un coup de force. C’est aussi un disque de contrastes. Blood, en duo avec Wretch 32, explore les liens familiaux et les blessures intimes, montrant à quel point Simz manie le verbe comme une arme tranchante. L’album s’autorise aussi quelques respirations, comme Young, ironie mordante sur l’insouciance des privilégiés.

Et quand Sampha débarque sur Blue, pour clore le disque, c’est comme une main posée sur l’épaule. Le calme, après la tempête.

Avec Lotus, Little Simz signe peut-être son disque le plus personnel, mais aussi le plus abouti. Ce n’est plus l’heure des grands effets. Elle n’a plus rien à prouver. Elle rappe parce qu’elle le veut, pas parce qu’elle le doit. Et chaque morceau est une preuve de plus que son art ne dépend de personne, pas même d’Inflo.

Écouter la chronique audio :

Lotus de Little Simz sur AWAL Recordings

Crédit image : Little Simz